Top 10 au Bénin : les célèbres formules des candidats à la présidentielle

25 octobre 2015

Top 10 au Bénin : les célèbres formules des candidats à la présidentielle

JE SUIS CANDIDAT

En février 2016, les Béninois iront aux urnes pour choisir un nouveau président de la République qui succédera à Thomas Boni Yayi qui aura bouclé 10 ans de pouvoir exercé en deux mandats de 5 ans chacun. A moins de six mois de la tenue du scrutin, c’est la valse des déclarations de candidature, des déclarations presque similaires dans leurs formes et fonds.

On dirait que tous ont assisté à une répétition, ces candidats déclarés à la présidentielle 2016. De la cinquantaine annoncée, certains ont déjà brisé le silence en attendant l’ouverture du dépôt des candidatures par la Commission électorale. Ils ont dévoilé leurs intentions devant micros et caméras de la presse. Dans l’ensemble, une certaine constance remarquée : des expressions “copiées collées” empruntées à … On ne saurait remonter à une époque pour trouver leurs auteurs. Mais ce n’est pas cela qui nous intéresse. Que disent nos chers présidentiables pour déclarer leur candidature ? Comment le font-ils ? Morceaux choisis de quelques expressions.

  • “Je connais le Bénin”

Ils prétendent tous mieux connaître le Bénin que tout autre Béninois. La formule a son intérêt depuis qu’on a reproché à Boni Yayi, président depuis 2006 de ne pas assez connaître son pays avant d’en prendre les rênes. Alors, les prétendants à la Marina (du nom du palais de la présidence au Bénin), mettent en avant “leur” bonne connaissance supposée ou réelle comme un atout pour bien diriger.

Si on peut mettre au crédit des Béninois résidant au pays une certaine connaissance du terroir, que dire par contre de ces candidats ne font que s’informer des nouvelles du pays, parce que vivant à l’étranger ? En tous cas, le code électoral n’a pas fait de la résidence sur le territoire une condition sine qua non pour postuler à la présidence du Bénin. Il suffit juste selon la loi électorale de résider au Bénin au moment des élections (art. 336 du code électoral).

On n’est pas donc surpris d’entendre des déclarations de candidature hors du pays par des Béninois de la diaspora. Eux peuvent en plus s’enorgueillir d’autre chose : la prétendue maîtrise du système international.

  • “Le peuple m’appelle”

Les candidats à la présidentielle qui se déclarent doivent avoir une ligne verte pour se faire joindre par les citoyens. C’est terrible, tous disent que le peuple les réclame pour prendre la tête du Bénin. Comment se font ces appels ? Nous reconnaissons l’impossibilité de démontrer qu’il existe d’autres canaux pour les appeler à se porter candidats. Contentons nous de relever les mouvements, associations, groupements, fans club… aussi nombreux qu’il y a d’ambitions, qui se constituent pour soutenir, susciter, parfois exiger que tel ou tel soit candidat. Le Bénin en compte à foison aux heures actuelles.

Ces mouvements constitués on ne sait quand et comment sont déjà sur le terrain pour faire la politique à travers la presse et les réseaux sociaux. Selon certains observateurs, en réalité ce sont les candidats eux-mêmes qui sont bien souvent initiateurs et financiers surtout des appels à leur candidature. Alors, leur peuple les appelle-t-il ou plutôt ils se font appeler par ce peuple ?

  • “J’ai une carte de visite impressionnante”

Même les candidats déclarés qui ont toujours résidé au Bénin prétendent avoir une certaine notoriété au plan international. En effet, l’on pense que maîtriser les institutions internationales, ou des pays occidentaux est un facteur de mobilisation de ressources pour développer son pays. Soit.

Mais aussi, ceux qui le disent le font juste pour donner l’impression qu’ils sont soutenus par des “bailleurs”. Comme s’il était question de postuler à un poste à l’international ! Dans ce jeu, les candidats domiciliés au Bénin et ceux qui viennent d’autres cieux rivalisent. Les seconds ayant a priori plus davantage. Même si “a beau mentir qui vient de loin !”

  • “Je serai différent des autres”

Il faut en effet montrer à tout prix qu’on fera mieux les autres, qu’on est le meilleur, qu’on a autre chose à vendre. Voilà pourquoi des slogans traduisant la différence sont légion : rupture, gouverner autrement, nouvelle conscience, innovation, nouveauté, Bénin nouveau, réformation, nouvelle éthique…

Le peuple ayant effectivement besoin d’une meilleure gouvernance, les candidats ne manquent pas de flair pour mettre au point ces genres de slogans. En 2006, “le changement” d’un certain Boni Yayi avait fait mouche. Le changement a-t-il eu lieu ? Là est un autre débat. Chers candidats, à vos dictionnaires, prêts ? Fouillez ! Pour trouver des synonymes du terme changement.

  • “Je m’occuperai du panier de la ménagère”

“Le panier de la ménagère est vide”, “les Béninois ne mangent pas à leur faim” sont quelques expressions qui signifient que la vie est chère surtout pour les personnes à revenus moyens. Ces personnes étant plus nombreuses que les nantis qui se ravitaillent au supermarché, les candidats à la présidentielle peuvent s’engager à remplir leurs paniers. Le dire devrait convaincre la masse moins nantie mais nombreuse, donc une grande réserve de suffrages.

  • “La jeunesse sera ma priorité”

Qui est ami des jeunes a le plus grand électorat. Les candidats à la présidentielle le savent. Et ils veulent en profiter. Naturellement et instinctivement ils déclarent leur amour pour la “jeunesse fer de lance du développement”. Les candidats à l’élection de 2016 promettent déjà des emplois, des fonds ou des banques spéciales pour l’entrepreneuriat, des formations professionnelles dans de meilleures conditions… Rappel important : en 2011, un candidat avait promis un ordinateur à chaque étudiant s’il était élu chef de l’Etat. Il n’a pas gagné l’élection. Les centaines de milliers de jeunes étudiants n’ont-ils pas été séduits ?

  • “Je vais lutter contre la corruption”

Il est encore attendu, l’oiseau rare qui mettra un terme à la corruption et la mal gouvernance au Bénin. Les détournements et prévarications de deniers publics communs à tous les régimes qui se sont succédé à la tête du Bénin ne semblent pas finir. Or les Béninois veulent une meilleure gestion de l’argent public. Bienvenue alors à qui donnera sa bonne foi pour lutter contre la corruption. Tous les candidats s’engagent à assainir les finances. L’un deux, vivant à Lyon en France a par exemple promis sur une radio panafricaine de faire édicter une loi qui criminalise la corruption… A chacun sa trouvaille donc !

  • “Je mettrai les Béninois au travail”

Ils pensent et disent que leurs concitoyens ne travaillent pas assez. Alors, les prétendants aux fonctions de président de la République se proposent de (re)mettre les Béninois au travail.

  • “Je renforcerai l’unité nationale”

Un Etat cousu de toutes pièces par le colon, un état sans passé commun a besoin de construire un savoir-vivre et vouloir-vivre ensemble. Le Bénin veut être une nation. Où du nord au sud, de l’est à l’ouest, les citoyens se sentent à part entière du Bénin malgré les différences. Les politiques jouent sur cette quête et promettent d’œuvrer à la cohésion nationale.

Même les plus chauvins, régionalistes, intolérants en font un programme politique. Alors même qu’on peut bien imaginer les discours haineux à l’égard d’autres groupes ethniques qu’ils professent une fois dans leurs milieux d’origines. Il me plaît de mentionner ici ce candidat qui a réservé la primeur de sa candidature à ses frères (comprenez les gens de son groupe ethnique). Face à eux, l’homme déclare tout fièrement qu’il est tant qu’un musulman soit élu président du Bénin. Comme si l’élection avait lieu à la Mecque.

  • “Notre démocratie chèrement acquise”

La démocratie béninoise est un bien précieux au Bénin, elle appartient à tous les citoyens. Tous les Béninois peuvent alors s’attribuer les luttes qui ont conduit à l’instauration de la démocratie à la faveur de la Conférence nationale de février 1990. Vieux, jeunes, moins jeunes, chantent au pays : “notre démocratie chèrement acquise de hautes luttes”.

Je me surprends parfois à écrire l’expression et m’inclure dans le “nous” comme si j’avais été de la bataille d’avant 1990 contre la dictature militaro-marxiste du général Kérékou. Si le jeune d’un quart de siècle d’âge que je suis peut parler de “notre démocratie”, à plus forte raison les candidats à la présidentielle 2016. Eux sont censés avoir au moins 40 ans et avoir vécu les événements de 1990. A juste titre (parfois par abus ou suivisme), ils diront qu’ils vont défendre “notre démocratie chèrement acquise”.

  • (Ultime formule naturelle) : “Pour toutes ses raisons, je suis candidat”

Le Bénin doit faire exception en la matière. Chez moi, il est rare de voir des personnes se faire investir pour défendre les couleurs d’un parti ou alliance de partis politiques à l’élection présidentielle. On est plutôt habitué à voir des anonymes sortis d’on se sait où pour se révéler devant les médias, seuls sans staff, et déclarer qu’ils sont candidats à la présidence de la République. Comme un homme qui se présente devant une femme et à peine s’est-il présenté qu’il propose déjà le mariage pour une échéance très proche.

Malheureusement, il n’existe pas une manière d’évaluer le degré de vérité contenu dans les paroles des candidats à la présidentielle de 2016 au Bénin. Le dernier mot revient à l’électeur seul devant sa conscience, dans l’isoloir le jour du vote, pour faire son choix. Un choix qui remettra au nouveau président majoritairement désigné la vraie clé, non pas passe-partout celle-là, pour accéder au palais de la Marina.

 

 

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