Bénin : Lionel Zinsou ne bouderait pas le fauteuil présidentiel

3 novembre 2015

Bénin : Lionel Zinsou ne bouderait pas le fauteuil présidentiel

Lionel Zinsou cache mal son ambition de briguer la magistrature suprême du Bénin
Lionel Zinsou cache mal son ambition de briguer la magistrature suprême du Bénin

A la grande surprise de tous, il devenait le numéro 2 du gouvernement à la faveur du remaniement ministériel du 18 juin 2015. Lionel Zinsou nommé Premier ministre de Boni Yayi, c’était pour l’opinion la présentation du  « dauphin », celui qui succéderait en avril 2016 à l’actuel président.

Ce banquier d’affaires plus français que béninois – n’en déplaise à lui-même qui se plaît à démontrer sa maîtrise de « son » pays – une fois dans ses fonctions s’efforce de « s’acclimater » pour « se faire accepter » par les Béninois qui lui reprochent d’avoir été parachuté sur une terre qu’il ne connaît pas. Dans l’expression, le « notre pays » est fréquent dans ses prises de parole, sur le plan vestimentaire, le Premier ministre affectionne les tenues locales tel le « agbada » avec son couvre-chef… C’était les premiers pas pour poser les jalons de son projet politique, est-on tenté de dire maintenant qu’il a fait un bond géant…

Lors de son entretien télévisé du 2 novembre 2015, durant  52 minutes, le Premier ministre qui n’a pas manqué de souligner son appartenance à la mouvance présidentielle a laissé entendre qu’il est intéressé par la bataille de la succession à la tête de l’Etat… Et encore plus, qu’i se sentirait bien dans la position de candidat de Boni Yayi.

Bien sûr, le Premier ministre assume le bilan de Boni Yayi.Tant sur le plan positif qu’il vante, que sur le plan négatif qu’il ne reconnaît pas ou qu’il justifie dans certains cas. Et pourtant les points négatifs sont bien présents. Concernant le fameux concours de recrutement à polémique, Lionel Zinou n’a pas trouvé mieux à dire qu’il « ne menace pas la paix ». Et de remonter plus en arrière et affirmer que depuis son enfance, les concours ont toujours posé problème dans notre pays ». Que comprendre ? Yayi et le gouvernement ne détiennent pas l’apanage des concours frauduleux ? Mieux, alors qu’il s’élevait contre le régionalisme, il tentait de justifier le choix du gouvernement, dénoncé par les magistrats, de faire organiser le concours de la magistrature selon un quota régionaliste.

« Je ne serai pas candidat dans la dissension »

Parce que le « consensus est une des valeurs fondamentales » de « notre pays », le Premier ministre refuse d’être candidat à la présidentielle de 2016 dans la « dissension ». C’est la confirmation de la  méfiance que certains journaux ont rapportée ce lundi matin et attribuée à certains leaders FCBE qui n’accepteraient pas la candidature de Lionel Zinsou comme l’aurait proposé Boni Yayi à sa famille politique. Mais alors, Monsieur le Premier ministre ferait quoi en cas de consensus ? Eh bien, c’est clair, à cette condition il sera candidat ! Ceux qui doutaient de cela et refusaient de se faire cette idée sont maintenant avertis. Si Boni Yayi ne l’a pas encore désigné pour lui succéder, j’en doute fort, le discours de Lionel Zinsou est comme un appel pour…

Le Premier ministre veut même ressembler à son président. Lionel Zinsou appelle à admirer comment le consensus a permis l’élection de Boni Yayi en 2006 alors que ce dernier était un parfait inconnu de la scène politique béninoise. Lionel Zinsou fera-t-il pareil en 2016 ? On dirait que le Premier ministre de Boni Yayi veut croire en son destin. Il recommande la lecture du « Coup du 3e larron » signé Comlan Cyr Davodoun après que Boni Yayi a ravi le pouvoir aux vieux dinosaures en 2006.

Il n’y avait pas que cela dans le discours du Premier ministre pour ressembler à un bon « yayiste ». Lionel Zinsou a aussi parlé de l’argent. Du « pouvoir de l’argent » comme le dit si bien souvent Boni Yayi. Dénonçant l’achat de conscience, Lionel Zinsou soutient que « l’argent ne fait pas le chef dans notre tradition ». Si un camp est foncièrement contre la candidature des hommes d’affaires et singulièrement de Patrice Talon à l’élection de 2016, c’est bien les FCBE. Celui qui parlait de l’argent comme un « cynique » instrument en politique fait sans doute un pied de nez aux opérateurs économiques qui lorgnent le fauteuil présidentiel, des opérateurs économiques présentés comme des favoris de l’élection de 2016.

Chantre de l’unité nationale

Quand on n’est qu’économiste, il faut avoir arboré le manteau de politique pour parler de paix, unité nationale, cohésion nationale… Le thème de l’entretien en disait long déjà sur l’ambition désormais peu dissimulée de Lionel Zinsou. Quand un spécialiste de macroéconomie et des chiffres parle de ce qui n’est pas sa tasse de thé, c’est qu’il a changé. Lionel Zinsou est bien devenu un politique. Et un politique à quelques mois de la présidentielle, ça n’a pas d’autre ambition que de se jeter dans la compétition électorale.

Pour montrer qu’il connaît bien le Bénin, Lionel Zinsou fait un retour en arrière pour rappeler que son oncle, l’ancien président Emile Derlin Zinsou, était plutôt populaire dans le nord du Bénin alors que dans les années 1960, le Dahomey vivait fortement le clivage Nord-Sud. Plus encore, selon le premier ministre, son grand-père, le père d’Emile Derlin Zinsou était instituteur et avait « construit des écoles » dans le nord en milieu bariba. Il n’y a pas meilleur exemple pour dissuader les réticents, encore attachés au vote régionaliste.

Ce 2 novembre 2015, Lionel Zinsou est définitivement devenu un homme politique béninois. En 2016, il faudra compter avec lui.

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Commentaires

serge
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Très bon papier... critique, mais bon. J'avais suivi une interview de votre PM sur le site du Monde, et il m'avait paru être quelqu'un de très intelligent. En tous les cas, il n'est pas comme les dirigeants que l'on est habitué à voir dans nos palais...

Vincent AGUE
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Merci bien cher monsieur

Agbodjan nicolas
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Bonjour nous avons des jeunes qui peut diriger le Bénin ce n'est pas à cause des intérêts personnels qu'on va sacrifier notre pays c'est aux Béninoises et aux Béninois d'élire leur président ; D'autres disent qu'il a de l'argent moi je vais vous dire que le terrain est déjà préparé par notre savoir faire notre intelligence et notre sincérité que nous avons affichés auprès des grds dirigeants du monde ont donné au Bénin un grd pas dans le monde