Ces filles “petites” qui font honte à la femme que j’aime

15 novembre 2015

Ces filles “petites” qui font honte à la femme que j’aime

Deux jeunes filles dans le rôle d'hôtesses lors d'une opération de marketing à Cotonou. Attention : image retouchée
Deux jeunes filles dans le rôle d’hôtesses lors d’une opération de marketing à Cotonou. Attention : image retouchée

Dénoncer le vice, et vous lui fournissez le ferment pour s’enraciner. C’est vrai. Mais ce n’est pas une raison pour laisser passer le vice sans s’en émouvoir. Autrement l’on aurait trahi sa conscience et le regret d’après fait très mal. Je ne veux pas avoir à me mordre le doigt parce que je n’ai pas agi convenablement au temps opportun.

Que les filles et femmes qui liront ce texte me pardonnent. Je pense dire la vérité et l’on ne dit la vérité qu’à ceux qui sont chers à soi.  Très chères femmes, je vous adore trop pour ne pas vous dire la vérité.

C’est par un post sur Facebook que j’ai découvert le dernier clip de l’artiste camerounais Franko intitulé « Coller la petite ». Un texte posté par un écrivain béninois, Florent Couao-Zotti pour se désoler de son caractère obscène et dépravant. 

Franko: quand la vulgarité éclipse le talent.Depuis quelque temps, est diffusé sur Trace et ses différentes versions,…

Posté par Florent Couao-zotti sur vendredi 23 octobre 2015

Je disais que dénoncer le vice peut avoir l’effet contraire. La prise de position énergique de l’écrivain m’a poussé à aller vérifier les faits sur You Tube. C’était vrai : une chanson vulgaire qui déshonore la femme. Les qualificatifs me manquent pour décrire l’horreur que je me suis forcé d’écouter et de regarder. J’ai arrêté la lecture de la vidéo avant sa fin juste après ces paroles du « colleur » : « ici tout le monde est fou ». A ces mots, j’ai poussé un ouf de soulagement. Il faut en effet être fou pour se permettre l’audace d’exécuter sans retenue des gestes peu pudiques non pas en à huis clos, mais dans un clip à diffuser à travers le monde et pour la postérité.  

Mais que nous arrive-t-il ? Pourquoi des femmes acceptent-elles satisfaire l’orgueil et le plaisir d’hommes « fous » au point de passer pour des choses, des objets maniables à volonté ? Pourquoi des femmes s’accommodent-elles sans gêne de ce terme dévalorisant de « petite » ? Ou bien est-ce moi qui suis fou ? Parce que le monde ces temps-ci marche sur la tête ? Je serais tenté de répondre par l’affirmative tant il semble que le mal est désormais ancré au titre de valeur dans l’opinion. Mais il faut oser essayer de  redorer les couleurs des moeurs de notre blason sociétal autant que se peut. Je félicite ici ce préfet camerounais qui a pris sur lui la responsabilité d’interdire la diffusion de la chanson de Franko. Mais j’ai bien peur que cela ait un effet contraire. Rappelez-vous : lutter contre le vice peut le développer.  


  Au Bénin aussi, c’est pareil 

Au Bénin aussi de nombreux clips d’artistes se révèlent plutôt être d’extravagants tableaux révélant leur malsain art de transgresser les mœurs. Et toujours avec les femmes danseuses au mauvais rôle. Décidément. Mais c’est ça qui passe en boucle sur les chaînes de télévision. Parce que, dit-on, « les gens aiment ça ». Pourtant, le goût de la foule est très souvent un indice du pire.   

En marketing c’est encore pire. Pour faire passer un produit, les femmes vous garantissent leurs services. Ce qui est bizarre, c’est que ce sont souvent des femmes responsables de la communication, du marketing qui orientent les actions de leurs « sœurs ». Elles connaissent le code, elles savent que l’exhibition des parties sensuelles, ça fait gonfler les chiffres d’affaires. Quelle honte !

Autre chose, ces « filles pots de fleurs ». Elles sont souvent recrutées pour être plantées lors de manifestations publiques où elles servent à donner de la couleur au décor. Ce sont en terme correct des « hôtesses ». Mais en réalité celles dont je parle  ne font rien d’une hôtesse normalement chargée d’accueillir, d’informer, de guider une personne, un groupe de personnes lors d’un événement.  J’ai pitié d’elles. Une fois j’en ai aperçu lors d’un événement à Cotonou, une qui, visiblement fatiguée et sans doute ennuyée, somnolait. A un moment donné, n’en pouvant plus, elle s’est simplement adossée au mur, les bras croisés, pour tirer un bon coup de sommeil. La pauvre !

Si on peut imputer au chômage, à la mauvaise éducation… et à bien d’autres raisons indépendantes de leur volonté, ces dérives de filles chosifiées, il faut aussi marteler que certaines sont responsables de ce qui leur arrive. Si une fille ne s’accorde pas une certaine dignité, ne se respecte pas, ne veut pas travailler, mais veut gagner l’argent facilement, qu’elle compte sur la petitesse d’esprit de certains hommes et la bassesse de certaines de ses aînées pour se faire humilier ; elle a toutes les chances de se retrouver à la merci de ceux qui détiennent le jeton.

Je m’en voudrais de finir sans rendre hommage aux braves femmes, celles qui ne chantent pas l’émancipation mais qui se l’approprient et osent pour réaliser leurs désirs.

 

Vincent Agué

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Commentaires

Eteh Komla ADZIMAHE
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Mon opinion est tout à fait contraire. 1. parce que le clip n'a rien de choquant... on en a vu de plus choquant que ça dans les années 2000 avec l'arrivée du Mapouka (qui est faut-il le rappeler, une danse traditionnelle ivoirienne, etc.).
2. parce que depuis déjà des civilisations, les femmes qui dansent sur des musiques dans de nombreuses sociétés ont toujours mimé quand même un peu l'acte sexuel, ou à la rigueur tourner les reins. La danse du ventre c'est bien chez les arabes (culture orientale) que ça existe, et après ils demandent à foutre une burka à la gueule de leurs nanas ? 3. Moi je pense qu'il faut juste laisser les gens danser ce qu'ils veulent. Laisser les femmes jouir de leurs corps, ça leur appartient ! après s'ils elles en font un avantage pécunier, ça leur pétera à la gueule, et elles seront seules à le regretter et/ou à l'assumer.