Bio Tchané et Koupaki, deux cartésiens qui veulent faire la politique autrement au Bénin

21 février 2016

Bio Tchané et Koupaki, deux cartésiens qui veulent faire la politique autrement au Bénin

A gauche, Abdoulaye Bio Tchané et à droite, Pascal Irénée Koupaki se présentent comme mon ticket présidentiel parfait pour changer le Bénin.
A gauche, Abdoulaye Bio Tchané et à droite, Pascal Irénée Koupaki se présentent comme mon ticket présidentiel parfait pour changer le Bénin.

Depuis le 19 février 2016, le Bénin est officiellement en campagne électorale pour la présidentielle du 6 mars prochain (ou par prudence, disons de 2016 parce qu’on n’est pas à l’abri d’un second report de la date). 33 candidats visent le fauteuil présidentiel que cédera le 6 avril le président sortant  après 10 ans de pouvoir. 33 candidats dont deux ont le profil idéal pour diriger mon pays.

Mon droit de participation au débat politique m’oblige à exprimer mes préférences dans le lot de candidatures. Mais pourquoi un journaliste doit-il se permettre d’exprimer un choix ? Parce que le journaliste est avant tout un citoyen libre de ses pensées. Quand il parle hors de son média employeur, on ne saurait lui reprocher de prendre position. Quelle est cette position ?

Le journaliste et citoyen béninois que je suis reconnaît à ses compatriotes candidats leur droit de candidature à la présidentielle. Mais la présidence étant pour un seul, je me dois d’opérer un choix. Parmi les 33 candidats ? Non, entre deux.

Abdoulaye Bio Tchané et Pascal Irénée Koupaki, le ticket de rêve

Voici deux cadres béninois, crédités de parcours similaires et surtout utiles à un présidentiable.

Abdoulaye Bio Tchané est connu pour avoir été notamment directeur Afrique du Fonds monétaire international, président de la Banque ouest-africaine de développement, ministre des Finances du Bénin…  Il brigue la magistrature suprême pour la deuxième fois après la tentative de 2011. Je trouve en lui une personne engagée pour son pays, prêt à servir, rassembleur  de tous les fils et filles du Bénin. D’ailleurs, l’unité nationale lui est chère chaque fois que je l’écoute. Autre chose et pas des moindres, c’est qu’il est téméraire, audacieux. Il fallait l’être pour oser se présenter contre son « frère » Boni Yayi du Nord en 2011. La rumeur dit qu’il aurait, il y a cinq ans, commis une erreur en se présentant à l’élection présidentielle alors que le président en exercice qui est de la même région que lui voulait rempiler. Les régionalistes auraient voulu qu’ABT n’affrontât pas Boni Yayi. Il l’a pourtant fait. Démontrant que sa volonté de servir son pays n’était pas négociable sur une table d’intérêts régionalistes. Ayant échoué, ABT se range dans l’opposition de façon constante. Il a pris une part active dans les marches citoyennes de fin 2014 à Cotonou pour réclamer l’organisation des élections locales et législatives. Lors de ces élections, son alliance politique, “l’Alliance pour un Bénin Triomphant” s’en sort avec deux députés. Deux élus qui se rangeront aussi dans le camp de l’opposition pour arracher la stratégique présidence de l’assemblée nationale. « Agir ensemble », tel est le maître mot d’ABT pour changer le Bénin.

Le défaut d’ABT (si c’est vraiment un), il se dit qu’il est idéaliste, trop rigoureux, cartésien… En termes clairs dans le langage béninois, il « ne sort pas l’argent ». Or pour gagner une élection au Bénin, cette donnée serait fondamentale car semble-t-il, le vote s’achète.

Le même « reproche » est fait à Pascal Irénée Koupaki (PIK). Lui, c’est le « dur », dit-on. On ne badine pas avec les principes chez PIK. Qui est-il ? Economiste-banquier, ancien fonctionnaire de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest , ancien directeur de cabinet du Premier ministre de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, ancien directeur de cabinet du Premier ministre du Bénin, Adrien Houngbédji, et ancien Premier ministre du Bénin sous le régime sortant. Avant ce dernier poste, l’homme revenu au Bénin en 2006 avait occupé successivement les fonctions gouvernementales de ministre du Développement, de l’Economie et des Finances, ministre du Développement, de la Prospective et de la coordination de l’action gouvernementale. Soit en tout jusqu’à août 2013, une expérience gouvernementale de plus de 7 ans. Calme, pondéré, méthodique, Pascal Irénée Koupaki passe pour un intègre. L’on a même pu dire – et je l’ai pensé aussi – qu’il était la « caution morale » du système Yayi. C’est l’homme qui faisait autrement, les journalistes béninois lui reconnaissent une certaine qualité qui est plutôt une exception au Bénin : la ponctualité. Chez PIK en effet, l’heure, c’est l’heure parce que le temps c’est de l’argent. Il ne le perd donc pas. Peut-on alors s’attendre à ce qu’un tel homme « perde » son argent à acheter la conscience des électeurs ?

C’est à juste titre (inconcevable à mon avis) que l’opinion colle à PIK, son caractère « pingre » si l’on considère que l’argent est roi en politique au Bénin. Et c’est à juste titre que l’homme se propose de reformater le logiciel mental du béninois par une « Nouvelle Conscience », autrement dit PIK veut développer le Bénin par une restauration des valeurs. C’est ce qu’il prêche depuis sa sortie inattendue du gouvernement à la faveur d’une inédite dissolution de son équipe par le président Boni Yayi en août 2013.

Autre trait de ressemblance entre ABT et PIK, le peu de « soutiens » d’hommes politiques derrière eux. Ces deux cartésiens qui veulent faire la politique autrement n’ont pas le plus grand nombre de partis politiques, de députés ou d’élus locaux qui portent leurs candidatures. Quand on sait les partis politiques marchandent le plus souvent leur soutien contre de l’argent, on n’est pas étonné de voir ABT et PIK se contenter de leurs équipes de cadres et amis. Mais le peuple, je l’espère, saura faire le meilleur choix.

Voilà pour la présentation de mes deux meilleurs candidats dans le lot des 33 qui lorgnent le palais de la Marina. Il serait insensé de ma part de me limiter à cette présentation sans faire le pas décisif, celui du choix. Je l’avoue, entre ces deux, il est plus facile de se retenir de faire un choix que de l’opérer. Je le ferai, et vous le saurez…

 

Vincent Agué

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